Confessions d’un industriel radical, de Ray Anderson

18 janvier 2013

Titre original : « Confessions of a Radical Industrialist ».

Pas de traduction française.

593 mots – Temps de lecture : 2 à 3 minutes

Mots clés

Durabilité

Review

Voici un livre passionnant écrit par un homme d’affaires “orienté vers le profit et aimant la compétition” (comme il se décrit lui-même) qui a radicalement changé ses priorités à un moment de sa carrière.

Ray Anderson a créé Interface, un fabricant de dalles de moquette, à l’âge de 43 ans, après 17 ans de carrière comme employé. 21 ans plus tard, sa société atteignait 1 milliard de dollars de chiffre d’affaires, était en forte croissance, tout en étant extrêmement rentable.

Joli parcours et conditions idéales pour prendre sa retraite…

Mais partir à la retraite n’était pas le destin de Ray Anderson. Au début des années 1990, il lit l’ouvrage de Paul Hawken, The Ecology of Commerce (un classique dont je ferai un résumé en 2013).

“Je n’ai pas honte de dire que j’ai pleuré”. Anderson est bouleversé par cette lecture. Il prend conscience dans la douleur qu’il a dirigé son entreprise pendant toutes ces années sans la moindre attention à son impact environnemental.

A partir de ce moment, il ne se contente plus de se limiter à respecter les lois environnementales de son pays (les Etats-Unis). Il décide de faire d’Interface une référence mondiale de la protection de l’environnement et de la durabilité.

Il est rapidement convaincu que mettre l’environnement au premier rang des priorités est un fantastique modèle d’entreprise (“a terrific business model”). Son intention n’est pas de sacrifier ses profits, mais de faire grandir son entreprise tout en maximisant sa contribution à l’environnement (“Faire plus de profits en faisant ce qui est juste pour la Terre”, écrit-il de façon provocante).

Il partage avec franchise dans ce livre les difficultés rencontrées en début de chemin : le manque de vision précise sur ce qu’il doit faire, la peur et les réticences de ses collaborateurs, le scepticisme des investisseurs.

Mais une ambition forte émerge rapidement, en 1994 : “Initiative Mission Zero”, à mettre en place d’ici 2020. Plus de recours au pétrole. Plus de déchets. Plus aucune pollution. Rien de moins qu’une transformation profonde du système industriel d’ Interface.

La détermination d’Anderson et des équipes à faire de cette vision une réalité est impressionnante. Le projet enthousiasme tellement les collaborateurs que des progrès très rapides sont effectués, au-delà de toute prévision.

De 1996 à 2008, Interface a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 70%, tout en augmentant ses ventes de 60% et en doublant ses profits. 400 millions de dollars d’économies cumulées ont été réalisées suite à la réduction du gaspillage et les déchets envoyés dans les décharges ont diminué de 75%.

Anderson est tout à fait convaincu que sa société a acquis un avantage compétitif majeur dans ce parcours (y compris pour attirer des collaborateurs de talent) et que ses efforts ont davantage contribué à attirer l’attention positive de ses clients que n’importe quelle campagne de publicité.

Pour lui, si Interface a pu faire autant de progrès, tout le monde peut le faire : un pas après l’autre, chaque pas créant de la valeur et préparant le terrain pour le prochain (malheureusement, il est décédé en 2011 et ne pourra donc pas voir l’ensemble des résultats obtenus).

Ce livre limpide est écrit de façon vivante. Une de ses principales richesses tient dans la description très détaillée de chacune des 7 faces du Mont Durabilité (“Mount sustainability”, comme l’initiative Mission Zéro a été appelée en interne). L’ascension de chaque face (zéro déchet, zéro pollution, arrêt de l’utilisation du pétrole etc.) est expliquée en détails et donne la sensation de pouvoir être répliquée.

Un livre essentiel, à lire en 2013!