La fin de la pauvreté : ce que nous pouvons faire pour y arriver dans un futur proche, de Jeffrey Sachs

Titre original : « The End of Poverty: How We Can Make it Happen in Our Lifetime ».
Pas de traduction française.
14 novembre 2012
600 mots – Temps de lecture : 3 minutes
Mots clés : Objectifs du Millénaire pour le Développement, Villages du Millénaire


Ce livre publié en 2005 est rapidement devenu une référence dans le domaine.

L’auteur, Jeffrey Sachs, économiste américain reconnu internationalement, commence par rappeler que 8 millions de personnes meurent chaque année à cause de la pauvreté (environ 20 000 par jour) et qu’1 milliard de personnes luttent pour leur survie (400 millions en Asie du Sud et 300 millions en Afrique).

Un peu plus haut sur ce que Sachs appelle “l’échelle du développement” (development ladder) se trouvent 1,5 milliards de gens dont les besoins fondamentaux sont couverts mais qui doivent faire face à des difficultés financières chroniques et à l’absence d’équipements de base (par exemple accès à l’eau potable ou à des sanitaires).

Pour Sachs, la plus grande tragédie de notre époque est qu’un sixième de l’humanité (les 1 milliard qui luttent pour leur survie) reste en dehors de toute dynamique de développement.

Pour lui, le défi et la responsabilité de notre génération sont de mettre fin à la pauvreté extrême d’ici 2025, en saisissant une opportunité historique qui n’aurait pas été imaginable il y 200 ans (il nous rappelle en effet que le revenu moyen par personne en Europe de l’Ouest en 1820 était très proche du revenu moyen africain actuel).

Pour cela, priorité doit être donnée à aider les pays où l’extrême pauvreté est endémique afin qu’ils puissent monter un premier échelon sur l’échelle du développement.

Sachs croit aux mécanismes de marché : quand existent les conditions préalables que sont les infrastructures de base (transport, énergie) et le capital humain (santé et éducation), les marchés sont des moteurs très puissants pour le développement économique.

Pour lui, certains pays sont pris dans le “piège de la pauvreté” (poverty trap) et doivent être aidés pour s’en extraire. Pour les aider, une Stratégie de Réduction de la Pauvreté spécialement conçue pour rejoindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) devrait être prévue pour chaque pays à faible revenu, avec un accent sur cinq grands domaines d’interventions :

– Intrants agricoles

– Soins de santé élémentaires

– Investissements dans l’éducation

– Secteur des transports et des communications

– Eau potable et installations sanitaires

Selon les calculs de l’auteur, mettre fin à l’extrême pauvreté à travers ces actions représenterait 110 USD par an et par personne pendant la période de 2005 à 2015. Soit une augmentation de l’aide de 70 milliards de dollars par an, portant l’aide publique à 0,5% du PNB des pays riches.

Sachs insiste sur le fait que ce niveau est de 0,5% en dessous de l’engagement que les pays riches ont pris plusieurs fois dans les décennies passées (0,7% du PNB), un engagement qu’ils n’ont cependant jamais tenu (à quelques exceptions près, comme les pays scandinaves).

En d’autres termes, selon l’auteur, les pays riches ont tout à fait les moyens de mettre fin à la pauvreté extrême (bien qu’américain lui-même, il critique sévèrement le gouvernement des Etats-Unis, dont les dépenses militaires atteignent plus de 400 milliards par an contre 15 milliards pour l’aide publique au développement).

Depuis la publication de son livre, l’appel de Sachs a un effort supplémentaire  des pays riches n’a pas été entendu. Il est désormais certain que beaucoup de pays, surtout en Afrique, seront loin d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).

Cependant, Sachs a depuis mis toute son énergie dans un projet ambitieux : les Villages de Développement du Millénaire (Millenium Development Villages) que nous aborderons dans un prochain article.

Nous ferons aussi le résumé d’un autre livre qui défend une position opposée sur la question de l’aide (“L’aide fatale”, où l’auteur affirme que l’aide est non seulement inutile mais dangereuse).