Le pull-over bleu : Réduire les inégalités entre riches et pauvres dans un monde interconnecté, de Jacqueline Novogratz

20 avril 2013

596 mots – Temps de lecture : 2 à 3 minutes

Mots clés

Acumen Fund, Social Business, Capital patient

Titre original : « The Blue Sweater : Bridging the gap between rich and poor in an interconnected world «. Pas de traduction française.

L’auteur est la fondatrice du Fonds Acumen (Acumen Fund), créé en 2001, avec la mission de contribuer à réduire la pauvreté en investissant dans des entreprises sociales (“social entreprises” ou “social business”).

Acumen Fund soutient en effet des entrepreneurs qui proposent des services essentiels (eau, santé, logement, énergie) à des prix abordables pour des gens qui gagnent moins de quatre dollars par jour. L’aide apportée prend la forme de “capital patient”, et non de subventions ou de prêts, visant à un retour sur investissement à la fois financier et social.

Ce type de fonds est très utile car les investisseurs conventionnels, moins “patients”, exigent une “stratégie de sortie” (vente de leurs parts) à un horizon de 3 à 5 ans et tendent à ignorer les entrepreneurs sociaux.

Ce livre ne porte toutefois pas sur Acumen, mais sur le parcours de sa fondatrice depuis la fin de ses études.

Son parcours est en fait assez représentatif d’un nombre croissant de personnes qui quittent une carrière prometteuse en entreprise pour mettre leur compétences dans les affaires au service d’une organisation qui leur apporte plus de sens. Le champ de l’entrepreneuriat social, par exemple, qui grandit fortement depuis 10 ans, attire bon nombre de tels profils, car ils peuvent y combiner leur goût de l’efficacité et leur culture du résultat avec leur aspiration à apporter une contribution plus significative à la société.

Ce qui rend le parcours de J.Novogratz unique, et donne valeur à ce livre, est sa détermination à chercher la voie ayant le plus d’impact, et ses nombreuses expériences en Afrique Sub-saharienne.

Après quelques années dans une banque d’investissement, elle a pris rapidement conscience qu’elle voulait donner davantage de sens à sa carrière et a commencé à chercher le mode de contribution le plus efficace.

Au fil de ses expériences, elle a observé que les projets de l’aide au développement ne prenaient pas toujours en compte les besoins réels des populations, et que certains acteurs associatifs ne portaient pas assez d’attention à l’efficacité de leur action. Elle en a tiré la conclusion qu’elle voulait apporter au champ de l’aide au développement la rigueur et la discipline imposées aux entreprises par le marché.

Deux étapes ont été essentielles pour elle, toutes deux en Afrique : la participation au lancement d’une organisation de micro-finance, et la création d’une entreprise (boulangerie) dont la première mission était d’offrir un emploi à des femmes (comme beaucoup d’autres acteurs du développement, elle est convaincue que soutenir les femmes en priorité est plus utile, car elles ont tendance plus que les hommes à utiliser l’argent gagné dans l’intérêt de la famille, pour des dépenses de santé et d’éducation notamment).

De retour aux Etats-Unis d’où elle est originaire, l’auteur a travaillé pour la Fondation Rockefeller sur des sujets nationaux, ce qui lui avait été recommandé par certains de ses mentors, mettant en avant que ce qui se passait aux Etats-Unis représentait une partie de l’équation. C’est avec réticence qu’elle a suivi ce conseil, car elle souhaitait continuer à s’impliquer dans le développement international. La création d’Acumen il y a 10 ans avec le soutien de cette Fondation, et le fait que le fonctionnement même de l’organisation repose sur la mise en relation de philanthropes américains avec des entrepreneurs sociaux de pays en développement, semblent indiquer que ses mentors avaient vu juste!

Au final, la parcours de J.Novogratz est un témoignage de plus que les hommes et femmes d’affaires peuvent apporter, par leur expérience et et leurs compétences, une contribution significative à la réduction des inégalités, dès lors qu’ils décident d’en faire une priorité dans leur vie.