Atlas de la faim dans le monde, de Thomas Bassett et Alex Winter-Nelson

01 août 2013

597 mots – Temps de lecture : 2 à 3 minutes

Mots clés

 

POU, HVI


Titre original : « The atlas of world hunger. » Pas de traduction française.

La première partie de ce livre donne une vue très précise de la géographie de la faim dans le monde. La seconde partie donne de précieuses indications sur les causes qui peuvent être identifiées. Chaque chapitre, et même chaque idée majeure, est accompagnée de cartes qui s’avèrent très utiles pour comprendre et assimiler.

L’enseignement majeur de la première partie est que la carte de la faim dans la monde varie sensiblement selon l’indicateur utilisé. C’est une invitation à être vigilant dans l’utilisation des statistiques, et à utiliser plusieurs indicateurs plutôt qu’un seul pour se faire une idée précise de la réalité de ce phénomène.

Voici les principaux indicateurs passés en revue :

– Nourriture disponible (Food availability). C’est le nombre de calories disponibles par personne dans un pays.

– Incidence de la sous-nutrition (Prevalence of undernourishment ou POU). C’est l’indicateur le plus utilisé par les agences des Nations-Unies, car il prend en compte à la fois la nourriture disponible et sa répartition.

– Pourcentage d’enfants de petit taille (short-stature children). C’est un indicateur relativement facile à mesurer, mais qui subit aussi l’impact des maladies.

– Pourcentage de la population qui dispose de moins d’un dollar par jour.

– Index de vulnérabilité à la faim (Hunger Vulnerability Index ou HVI). C’est un indicateur développé par les auteurs, qui intègre trois composantes (la nourriture disponible, la proportion de personnes gagnant moins de deux dollars par jour, et la pourcentage d’enfants de petite taille).

Pour les auteurs, une géographie précise de la faim est indispensable pour sélectionner les actions les plus pertinentes. Mais ils entendent aussi donner plus d’éléments en vue d’une action efficace. Dans la seconde partie, ils utilisent le HVI pour évaluer les causes de la faim, passant au crible toute une série de facteurs possibles (ressources, technologies, institutions, distribution du pouvoir, population, etc..) afin de rechercher des corrélations. Bien sûr, ils expliquent clairement la différence entre corrélation et causalité.

Parmi les facteurs qui n’affichent pas de corrélation avec le HVI se trouvent :

– Les ressources naturelles (il y a beaucoup de cas de pays dans lesquels l’abondance des ressources coexiste avec la faim, et inversement).

– La croissance de la population. Les auteurs s’insurgent contre ce qu’ils appellent le “mythe” selon lequel c’est avant tout une croissance excessive de la population qui engendre la faim (même s’ils reconnaissent que les “mythes contiennent souvent une part de vérité”). Pour eux, il y a trop d’exceptions à cette affirmation.

– Les terres cultivables par personne (dans certains pays, il y a beaucoup de terres cultivables mais elles sont sous-utilisées et inégalement réparties).

– Les libertés politiques.

– Les inégalités de revenus (mesurées par la part du revenu national détenue par les 10% les plus riches et les 10% les plus pauvres).

Une forte corrélation peut au contraire être trouvée avec les facteurs suivants :

– Le taux d’alphabétisation (par exemple, les pays au fort taux d’alphabétisation ont tous un HVI élevé.

– Les inégalités hommes-femmes (mesurées grâce au Gender-related Development Index créé par le PNUD, le Programme des Nations-Unies pour le Développement). Les auteurs font référence à de nombreuses études qui montrent que promouvoir le statut des femmes (empowerment) a un fort impact positif sur l’alimentation des enfants.

– Les dépenses de santé par habitant (la vulnérabilité à la faim est beaucoup moins importante dans les pays qui dépensent plus de 50 dollars par an par habitant).

Le livre ne suggère pas de stratégies d’action, mais c’est un complément très utile aux livres qui se concentrent sur les pistes d’action sans s’arrêter sur une géographie précise de la faim dans le monde.