Basculement. Comment éviter l’effondrement économique et environnemental, de Lester Brown

Basculement. Comment éviter l’effondrement économique et environnemental, de Lester Brown

15 novembre 2012

Titre original

650 mots – Temps de lecture : 3 minutes

Mots clés : Appropriation de terres, Protocole de Tokyo


Review

Titre original : « World on the Edge: How to Prevent Environmental and Economic Collapse ». Pas de traduction française.

Lester Brown est le fondateur du « Worldwatch Institute » ainsi que du « Earth Policy Institute », un Institut de recherche (« think tank ») dont il est aussi Président. Auteur de nombreux livres, il est considéré comme l’un des principaux experts sur les questions environnementales. Dans ce livre comme dans ses précédents livres, il affirme avec force que l’économie des sociétés industrielles occidentales fondée sur l’automobile et les combustibles fossiles n’est plus un modèle viable.

Ce livre commence par un compte-rendu détaillé et convaincant de la situation actuelle de l’environnement au niveau mondial, écrit d’une façon simple et directe, accessible à tous. Voici quelques-uns des points abordés :

– Appauvrissement des nappes phréatiques (pouvant conduire à des risques importants de pénuries d’eau) et diminution des récoltes.

– Erosion des sols (décrit comme une « crise mondiale silencieuse ») et développement de la désertification (qui représente aujourd’hui 25% des terres de la planète et menace la subsistance de plus d’un milliard d’êtres humains).

– Hausse des températures et fonte des glaces qui affectent la sécurité alimentaire.

– Pénurie alimentaire qui devient un problème politique majeur. L’auteur donne une bonne description de l’accélération du « Land Grabbing » (l’appropriation de terrains), suite à l’augmentation massive des prix des denrées alimentaires en 2007-2008.

– Augmentation des réfugiés « écologiques ».

Le principal avantage de ce livre est de présenter un plan d’action détaillé, contrairement à de nombreux autres ouvrages. Il appelle à une mobilisation massive, un effort considérable de la même ampleur au moins que le Plan Marshall.

Ce plan d’action détaillé comprend 4 parties :

– Stabilisation du climat. Brown appelle à une réduction de 80% des émissions de CO2 d’ici 2020 (bien plus ambitieux que le Protocole de Kyoto) en :

* améliorant l’efficacité de l’utilisation de l’énergie, notamment grâce à une restructuration du secteur des transports (il y a pour Brown beaucoup à faire dans ce domaine)

* réduisant fortement les émissions dans le secteur de l’énergie en remplaçant les combustibles fossiles par des énergies renouvelables (énergie éolienne, solaire, géothermique). A noter que l’énergie nucléaire n’est même pas prise en compte par Brown (selon lui, si les coûts complets de cette énergie étaient pris en compte, plus personne ne construirait de centrales nucléaires). L’énergie éolienne est la pièce maîtresse de ce plan (des pays comme le Danemark fournissent plus de 20% de leur énergie de cette façon).

– Restauration du système naturel de protection de la terre : reforestation (protéger les 10 milliards d’hectares de forêts qui restent, replanter les nombreuses forêts déjà disparues, les gérer de façon responsable), conservation des sols, extension du réseau des réserves marines pour une pêche durable, stabilisation des aquifères (élimination des subventions qui encouragent le gaspillage des eaux d’irrigation).

– Stabilisation de la population en contribuant à réduire la fertilité.

– Eradication de la pauvreté extrême (notamment en réduisant l’illetrisme). Pour Brown, comme pour J.Sachs, auteur de « La fin de la pauvreté », nous avons pour la première fois dans notre histoire les ressources technologiques et financières pour éradiquer la pauvreté.

Brown suggère de nombreuses actions concrètes pour chacune de ces parties et donne une estimation, catégorie par catégorie, du coût de son plan : en tout 200 milliards de dollars par an. Cela suppose de mettre à jour le concept de « sécurité nationale » : la situation actuelle représente pour Brown un réel danger pour la sécurité des pays développés et 200 milliards ne représenteraient que 12% des dépenses militaires annuelles mondiales. Brown ajoute que les subventions qui encourage la production et l’utilisation des combustibles fossiles s’élèvent environ à 500 milliards par an dans le monde.

Son optimisme se fonde sur l’exemple des américains pendant la deuxième guerre mondiale qui réussirent à restructurer leur économie dans un délai très court (orientation vers la production d’armes pour gagner la guerre). « Si nous avons pu restructurer l’économie industrielle des Etats-Unis en quelques mois, alors nous sommes sûrement capables de restructurer l’économie énergétique du monde en quelques décennies ».