La fortune que représente la Nature : Comment les entreprises et la société peuvent prospérer en investissant dans la nature, de Mark Tercek et Jonathan Adams

Titre original : Nature’s Fortune: How Business and Society Thrive by Investing in Nature (Basic Books -2013)

Pas de traduction française.

7 février 2014

600 mots – Temps de lecture : 2 à 3 minutes

Mots clés : Capital Naturel

 

L’auteur, Mark Tercek, a un parcours inhabituel : après une carrière chez Goldman Sachs pendant 24 ans, il est devenu Président de The Nature Conservancy (TNC), une ONG environnementale américaine employant près de 4000 collaborateurs. Sa dernière mission avec Goldman Sachs était de mettre en oeuvre une stratégie environnementale visant à développer des activités combinant résultats financiers et impact environnemental positif.

Son parcours dans le monde des affaires l’a incité à aborder son rôle avec une posture différente de celle de nombreux militants écologistes.

Le message essentiel de ce livre est que le rétablissement des équilibres écologiques menacés peut être effectué avec une approche d’investisseur. “Investir dans la nature est une bonne affaire”, écrit l’auteur. Même en ne prenant pas en compte les bienfaits pour la nature et en se concentrant sur le seul résultat financier, il y a beaucoup “d’opportunités à ne pas laisser passer”.

Dès lors, inciter les dirigeants d’entreprise à rechercher de telles opportunités d’investir dans la nature constitue une réelle chance pour notre planète. En effet, ils contrôlent une part importante des ressources naturelles – davantage que les gouvernements – et peuvent selon l’auteur se révéler plus aptes à se projeter sur le long terme.

De nombreux exemples sont fournis dans ce livre, dont certains concernent des partenariats entre TNC et des multinationales.

A l’heure actuelle, les entreprises les plus avancées dans cette direction sont celles qui sont fortement dépendantes de leur approvisionnement en eau. Par exemple, Coca Cola FEMSA, la plus grande société indépendante de mise en bouteille pour Coca Cola, investit dans la protection de forêts afin de garantir son approvisionnement en eau. Les forêts seraient désormais prises en compte comme des actifs dans les décisions stratégiques de l’entreprise.

Investir dans la nature peut être plus rentable que les investissements classiques, et avoir un impact environnemental positif, comme Dow Chemical en a fait la preuve sur son plus grand site mondial, au Texas (environ 8,000 collaborateurs). Ce site avait besoin d’une installation de traitement des eaux pour s’adapter à de nouvelles normes. Cette mise aux normes a été effectuée grâce à un investissement de 1.4 millions de dollars pour créer des zones humides autour du site (wetlands) au lieu des 40 millions requis pour construire une usine de traitement des eaux.

Le PDG de Dow Chemical a par la suite demandé à TNC d’aider l’entreprise à appliquer le concept de capital naturel dans la prise de décision et la conduite des opérations, en explorant les questions suivantes :

– Comment les activités de l’entreprise affectent-elles et dépendent-elles des services rendus par la nature?

– Comment les actifs naturels qui rendent ces services pourraient-ils être pris en compte dans le bilan de l’entreprise?

– Quelle est la fragilité de ces services, et que pourrait faire l’entreprise face à cette fragilité?

– L’engagement de l’entreprise sur cette question pourrait-elle avoir une influence sur le comportement d’autres sociétés?

Pour l’auteur, les vrais bénéfices, pour l’entreprise comme pour la nature, apparaissent quand les entreprises commencent à prendre en compte la valeur de la nature dans toutes leurs décisions.

Certaines initiatives récentes facilitent cette démarche. Le projet NatCap (Natural Capital Project), par exemple, lancé conjointement par l’Université de Stanford, l’Université du Minnesota, TNF et le WWF, propose des outils et des analyses pour intégrer la valeur de la nature dans les décisions économiques.

Ce livre rencontrera certainement des critiques dans les milieux où la défiance vis-à-vis des entreprises est forte, mais les exemples fournis par l’auteur montrent qu’il existe désormais un chemin de plus pour les entreprises qui veulent s’engager dans une démarche environnementale sérieuse tout en restant attentives à leur équilibre économique.