Semer des graines dans le désert. Agriculture naturelle, préservation de l’environnement et sécurité alimentaire, de Masanobu Fukuoka

07 novembre 2013

598 mots – Temps de lecture : 3 minutes

Mots clés

Agroécologie


Titre original : « Sowing Seeds in the Desert – Natural Farming, Global Restoration, and the Ultimate Food Security (2012)  ».

Pas de traduction française.

Masanobu Fukuoka était un paysan, penseur et activiste japonais, décédé en 1998 à l’âge de 95 ans. Inconnu du grand public en occident, il était pourtant invité à prendre la parole et à partager son expérience dans de nombreux pays dans le monde. Son livre le plus célèbre (La révolution d’un seul brin de paille) continue d’être une référence depuis sa publication en 1975.

Ce sont les résultats qu’il a obtenus dans sa ferme au Japon et la philosophie qui sous-tendait son action, qui l’ont rendu célèbre. Sa méthode d’agriculture naturelle (qu’il appelait “do-nothing farming method”) se passait de toute machine, de combustible fossile et d’intrants chimiques, et ne nécessitait ni labourage ni traitement des mauvaises herbes. Les rendements qu’il obtenait étaient pourtant supérieurs aux fermes conventionnelles les plus performantes du Japon, notamment pour la production de riz.

Sa pratique était donc à l’exact opposé de l’agriculture industrielle moderne. Pour Fukuoka, celle-ci est totalement inefficace sur un plan énergétique : il lui faut deux calories d’énergie pour produire une calorie de céréales (sans parler des dégâts écologiques).

Au cœur de son approche se trouve une expérience spirituelle qu’il décrit dans le livre : suite à une grave maladie qui l’a presque emporté alors qu’il avait une vingtaine d’années, il a commencé à avoir une autre perspective sur le monde, et a pris conscience en particulier que la nature est “spontanément en équilibre et source d’abondance”.

Sa pratique visait dès lors à créer un environnement productif qui laissait carte blanche à la nature : un système qui, une fois mis en place, s’auto-entretenait. L’objectif pour lui était d’intervenir le moins possible et de laisser les plantes faire leur travail.

Cette pratique et cette philosophie occupent une bonne partie du livre, ce qui le rend très intéressant, au-delà du cercle des spécialistes de la désertification.

En ce qui concerne ce sujet précis, il était convaincu que la plupart des déserts dans le monde ont été créés par l’activité humaine, et que nous devions prendre la responsabilité de réparer les dégâts.

Mais il recommandait de ne plus intervenir de la façon habituelle : mettre en place un système d’irrigation et pomper l’eau des rivières avoisinantes (c’est-à-dire suivre une logique consistant à irriguer les déserts pour faire revenir la végétation). Pour lui, cette logique était similaire à celle de la médecine occidentale : appliquer un traitement rapide visant les symptômes mais passant à côté des causes profondes.

Les mesures qu’il préconisait étaient exactement dans la même ligne que sa méthode d’agriculture naturelle. L’objectif était de recréer dans les déserts des écosystèmes mixes auto-entretenus. La technique qu’il suggérait pour y parvenir consistait à rassembler un grande variété de graines dans de petites capsules de terre (“clay pellets”) et de les semer en masse dans les déserts. Une telle variété donnant à la nature une palette suffisante pour créer, cette action suffisait selon lui à initier une revégétation, même si une partie des graines ne donnait rien.

Bien que sa méthode d’agriculture naturelle ait fait ses preuves dans son exploitation au Japon et ait essaimé dans le monde, il regrette dans ce livre de n’avoir pas pu faire la preuve à grande échelle de sa pertinence dans la lutte contre la désertification.  Il a toutefois été invité par le gouvernement indien à mener quelques expériences dans le pays, encourageantes selon lui.

Ce livre passionnant est aussi une oeuvre d’art : il est illustré par l’auteur lui-même avec de superbes dessins au pinceau, qui visent à exprimer graphiquement sa philosophie.